J'avoue que j'ai stressé un peu beaucoup ces quelques jours de février où les perspectives s'envolaient l'une après l'autre.. troisième année de fonctionnement pour lacavedepaulette : ça pourra se fêter mais seulement à l'automne.
Accrochée à mes deux principes actifs pour la bonne santé de mon atelier, je fais face à une période creuse, avec rendez-vous variés mais clairsemés et prises de notes de service sans suite.
Je pense à mon père qui occupait cet endroit là il y a fort fort longtemps pour des heures de manutention délicate à fixer le greffon dans le bois et je me dis que comme pour les greffes dans les plantations, il y a souvent beaucoup de déchets dans ces projets évènementiels. Et comme pour lui, il faut souvent usiner en solitaire et des heures durant pour un peu de rendement.
Alors je m'applique à ménager mes dépenses et concentrer mon énergie sur des rendez-vous qui pourraient d'ici quelques mois me permettre de voir ma petite "boutique" fonctionner sereinement.
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" Michèle,
Tu vois tout arrive, même un petit mot de ton père pour te rassurer. Il existe et ne se porte pas si mal.
Je suis depuis trois semaines en greffage, corvée annuelle qui pèse de plus en plus sur mes frêles épaules, de surcroît ma vision baisse, mes réflexes se font de plus en plus lents, la dégradation quoi.
Malgré ces avatars, je pense finir mi-avril.
A part cela, le pays reste ce qu'il est c'est à dire plongé dans le noir dès le crépuscule, la crise qui sévit sur le monde n'épargne pas le Beaujolais. Il y a marasme sur les vins surtout les Beaujolais, les crus s'en sortent mieux. Pour mon compte personnel, je n'ai pas vendu un Hectolitre de vin mais je pense vendre en bouteilles toute la quantité, c'est une porte de sortie et j'espère l'avenir pour le commerce de nos appellations.
...
Je te donne un conseil, si tu l'acceptes, tiens bon encore quelques mois ça vaut le coup .. il n'est jamais facile de vivre et de travailler chez autrui, j'en sais quelque chose pour la bonne raison que j'y ai fait tout mon apprentissage d'homme et crois moi, j'ai eu de nombreux problèmes que je préfère oublier aujourd'hui. Mais tout cela apporte une immense satisfaction, une force de caractère que l'on acquiert dans l'adversité.
C'est dans cette école que l'on devient fort pour affronter toutes les emmerdes de la vie.
Là dessus, je vais te laisser en te disant bonsoir, et fais comme ton père, ne te laisse pas manger toute crue.
Je t'embrasse bien fort.
Ton père"
décembre 1979
